Fort de Queuleu (1876-1870) / Feste Goeben (1871-1890)

Fort de Queuleu

Fort de Queuleu en 1870.

C’est le plus vaste des forts construit par Séré de Rivière avant 1870. Ses dimensions sont énormes: un front de 800 m et une profondeur de 450 m, un fossé large de 15 m et profond de 6 m. C'est un fort dans la tradition de Vauban: une enceinte bastionnée (5 grands bastions) avec un fossé autour dont la contrescarpe et l’escarpe sont revêtues de maçonnerie. Ce fossé est défendu par deux parapets, un d'infanterie, et un autre d'artillerie.
La partie centrale du fort est occupée par un important cavalier, formant réduit, et traversé par quatre longues poternes dont une à entrée modifiée, une autre servant de magasins à munitions (celle à l'extrémité Sud du cavalier). Le cavalier comporte aussi une grande caserne (la plus décorée extérieurement des trois casernes), deux magasins à poudre (capacité totale 237.688 kg) et de nombreux abris ainsi que des emplacements en terre croulantes pour canons. Fortement surélevé, il domine tous les parapet élevés devant lui, en particulier celui barrant la porte d'entrée et tout le terrain environnant. Conforme à l'esprit de Séré de Rivière, il constitue ainsi la batterie haute du fort avec un rôle de batterie à longue portée, tandis que les pièces disposées sur les parapets ont surtout pour rôle d'assurer une défense rapprochée en flanquant le fossé en cas d’assaut. Le fossé de gorge est d'ailleurs renforcé par une galerie reliant les deux casernes construites dans le fossé, qui comporte toutes sortes d'embrasures et de coffres, simples ou doubles ce qui permet de mettre à l'abri les pièces pour la défense de la partie la plus sensible du fort. A noter aussi l'existence de deux autres séries de coffres: la première le long du mur de flanquement droit de la caserne I du fossé et l'autre quelques hectomètres plus loin dans ce même bastion. Il semblerait qu'on ait adjoint à cette dernière série de coffre une "issue de secours" juste en face d'une casemate permettant de sortir du fossé vers l'extérieur. Cela expliquerait la présence a priori étrange de ces coffres ici. Ces deux séries de coffres sembleraient être reliées par une galerie encore plus pronfondément construite (à vérifier !)
L’armement prévu pour le fort de Queuleu est de 122 pièces de divers calibres. La garnison est fixée par décret le 23 août 1869 à 2000 hommes.
Après 1871, les Allemands rebaptisent le fort "fort Goeben" (commandant le 8ème corps d’armée) et entreprennent d’importants travaux qui dureront jusque 1890:

  • installation sur le cavalier de deux abris d’observation cuirassée modèle 87 : ils se trouvent dans des casemates reliées aux poternes.
  • construction de casemates de flanquement sur les bastions. L'une des deux semble avoir accueilli des chevaux aussi, les portes ont été modifiées par obturation de l'espace de l'un des deux battants.
  • construction de nouveaux locaux: essentiellement des casemates jumelles reliées par galerie et modification d'autres: en particulier obturation des deux casemates situées dans les deux élargissement du fossé au niveau du front de tête. Tout porte à croire que ces deux casemates permettaient un accès par escalier dans le fossé.
  • installation à la pointe des trois bastions des fronts de tête d’observatoires d’infanterie. Ils sont noyés dans le béton d'une petite casemate à une seul entrée sans autre locaux que la chambre de l'observatoire.
  • construction de batteries annexes de part et d’autres de la gorge.
  • creusement de galeries de contre-mines dans la contrescarpe des trois bastions de têtes. Pour certaines d'entre elles, de véritables petites casemates ont été aménagées en façade. En général, à l’intérieur se trouvent deux départs de galeries de sape. Une rumeur prétend qu'il serait possible de sortir par l'extrémité de l'une de ces galeries de sape. (à vérifier !)
  • après 1887, renforcement des locaux. Très facile à voir de nos jours.
  • installation de nouveaux équipements : monte-charge, blindage des fenêtres. La poterne à entrée modifiée et l'un des ensembles contenant un abri d'observation cuirassé en sont encore équipés. Il semblerait qu'un autre endroit en ait accueilli aussi un, mais il s'agit de suppositions.
  • placement d’un réseau de fil de fer sur les glacis du front de tête et des flancs. Il ne subsiste que peu de traces de ce réseau, tout au plus à quelques endroits dans le fossé.

Le fort est alimenté en eau par la station élévatrice de Queuleu et est relié au réseau électrique urbain et au réseau téléphonique souterrain de la place.

Le fort servira de P.C. pour la Ligne Maginot avant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, les équipages de la Ligne Maginot du Secteur Fortifié de la Crusnes y seront internés pendant un moment. Ces équipages ont d’ailleurs laissé des traces de leur internement avec des fresques dessinées sur les murs d’une caserne. Le fort servira après de lieu d'incarcération ("S.S. Sonderlager Feste Goeben") pour de nombreux résistants. Plusieurs dizaines d'entre eux y laisseront la vie sous la torture. D'autres seront déportés. De nos jours un petit musée a été aménagé dans la caserne II. Visite tous les premiers dimanches de chaque mois de mai à septembre.

Quelle/Source: Fontbonne, R.: Les fortifications allemandes de Metz et de Thionville

 

Fort Goeben

Le Fort de Queuleu (aussi dénommé Feste Goeben) après la modernisation.

 

 






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